Lee Bertin & Laure Gasme

(suite et fin)

Je remonte le cœur léger dans la voiture et rentre à la maison. Je crains que ma femme ne renifle sur moi une odeur de parfum féminin étranger, mais il a fait tellement chaud aujourd’hui que ma transpiration a probablement couvert toutes les effluves étrangères.

Je me couche, elle dort, tout va bien.

Il est à peine une heure du matin, je suis parti depuis si peu de temps, et pourtant j’ai l’impression d’avoir effectué un voyage intersidéral dont je ramène à tout jamais le souvenir d’une planète d’une sidérante beauté. Je suis allé plus loin que Neil Amstrong en 69 (je ne l’invente pas, c’était réellement en mille-neuf-cent-soixante-neuf). Il s’est posé sur la lune en 69, moi je suis carrément rentré dedans en 04, il est resté sur la face éclairée, moi j’en ai fait le tour, j’ai vu sa face cachée, the dark side of the moon !

J’ai gagné en assurance. Avec le recul, je me dis « tu as bien joué, pour un coup d’essai c’est un coup de maître ». Jamais je n’aurais pensé pouvoir me retenir aussi longtemps ; je l’ai payé d’une manière inattendue dans la semaine qui suivit, par des douleurs abdominales. Ou comment découvrir que les hardeurs sont des athlètes. Bien maigre punition, que je suis prêt à réclamer encore à l’avenir si la contrepartie est aussi éclatante.

Une dizaine de jours après ma folle virée nocturne, je suis toujours sur mon petit nuage. J’envoie un e-mail à Justin pour le remercier et lui dire quel grand souvenir que je conserverai de cette soirée du 8 septembre. Pas de réponse.

Quelques semaines plus tard a lieu une exposition d’automobiles d’exception dans les environs. Je lui téléphone pour savoir s’il n’aurait pas des invitations pour rentrer sur le stand Ferrari. Accueil glacial : « oui », « non », même pas désolé. Je lui arrache finalement qu’il en a eus mais qu’il est trop tard. Mon stratagème pour renouer le contact n’a pas marché, alors je laisse définitivement tomber.

Pas grave, l’essentiel est acquis ! Je sais que j’ai eu de la chance, mon inexpérience ayant finalement permis la rencontre ! Car, comme me l’avait raconté Justin lors de notre rencontre, les hommes qui passent leur temps à éplucher les petites annonces échangistes ne s’arrêtent pas devant celle-ci, convaincus que l’annonce est bidon et les photos truquées ! J’avais été le seul à lui répondre ! Quel bol !

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